Abus et largesses d'Edmée De Groeve (PS): l’aurait-on laissée faire?

Philippe Engels
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Edmée De Groeve entourée de Toon coolpaert et Jean-Claude Fontinoy (Photo: Francois Walschaerts/ Reporters)
Edmée De Groeve entourée de Toon Coolpaert et Jean-Claude Fontinoy (Photo: Francois Walschaerts/ 2005/ Reporters)

Le 8 juin 2009, Buelens est licencié brutalement de son poste d’administrateur délégué de BSCA, la société publique gérant l’aéroport Ryanair. Quelques jours plus tard, l’homme dénonce un licenciement jugé abusif et livre à la justice les preuves des petits abus de pouvoir de la présidente du conseil d’administration, Edmée De Groeve. Et vlan! Une fuite bien orchestrée descend la présidente étiquetée socialiste (elle est devenue membre du bureau exécutif du PS en 2003). La Libre Belgique du 15 juin étale ainsi des documents démontrant que la présidente De Groeve a invité à Ténérife le frère d’Elio Di Rupo et de Paul Magnette. "De simples contacts commerciaux", dira Edmée De Groeve face aux enquêteurs.

Communication interne

Sur ce point comme sur tous les autres (faux, détournement et abus de biens sociaux), le verdict judiciaire est cinglant: Edmée De Groeve a multiplié les "doublettes" (le fait de rentrer deux fois la même note de frais); elle a mené un train de vie anormal et fait plaisir à des amis. Bref, elle a abusé de son pouvoir et s’est enrichie personnellement.

Marcel buelens (Photo: profil Linkedin)
Marcel buelens (Photo: Profil Linkedin)

On chuchote que De Groeve salivait à la vue des salaires des CEO d’entreprises publiques. Tout compris, selon nos informations, elle empochait quand même quelque 7.500 euros par mois pour de simples jetons et tantièmes à la présidence de divers conseils d’administration. Sans compter d’importants remboursements de frais.

De Groeve exagérait, confirme la justice. Et Marcel Buelens l’aurait signalé au ministre wallon de tutelle, André Antoine (CDH), ainsi qu’à la direction du PS. C’est ce qu’aurait en tout cas affirmé le patron de l’aéroport aux enquêteurs. Dans son réquisitoire du 21 mars 2013, le premier substitut Nabil Sanhaji a eu cette petite phrase:

A un moment, Marcel Buelens va trouver Elio Di Rupo, le président du PS. Sans conséquence autre que… le licenciement de Buelens.

Dans les rangs socialistes, on affirme aujourd’hui ne pas avoir eu connaissance de cet élément, extrait d’une enquête judiciaire.

Ça dégraisse chez Belgacom

Ce type de personnalités si proches du pouvoir se sentaient manifestement intouchables

Etonnante tout de même, cette attitude d’Edmée De Groeve. Elle débarque à Charleroi en 2006 et s’empresse d’abuser de sa carte Visa. A l’époque, pourtant, l’ancienne cité minière était bousculée par une vague d’affaires sans précédent. Démissions politiques, arrestations du bourgmestre et d’échevins, soupçons planant sur divers hommes d’affaires, liés à la majorité absolue socialiste. Tous les voyants auraient dû être au rouge: prudence totale! Mais non, "ce type de personnalités si proches du pouvoir se sentaient manifestement intouchables" souffle un fin connaisseur du dossier.

Edmée De Groeve compromet à la même époque le patron de Belgacom, Didier Bellens, réputé soutenu par le PS. L’une achète à l’autre un bâtiment montois qui appartient à une filiale des télécoms. Le prix est douteux. La justice inculpe De Groeve et Bellens pour corruption. L’affaire est en cours. Cette fois, nous sommes à Mons, sur les terres du Premier ministre, éclaboussé en douce. Ici aussi, il serait question de règlements de comptes.

Chez Belgacom, le CEO Bellens vient de virer des cadres qui avaient été entendus à titre de témoins par la justice montoise dans le cadre de cette opération immobilière suspecte. Pourquoi les avoir virés?

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