

"Je ne cache pas mes origines flamandes, mais je n'en joue pas non plus. Cela fait 17 ans que je vis à Namur. Au début, cela m'a beaucoup changé par rapport à une ville comme Anvers ou Bruxelles. Même si Namur est la capitale de la Wallonie, cela reste une ville provinciale. Je ne connaissais pas vraiment cette ville, au fond.
J'y suis un peu arrivé par hasard parce qu'il y avait l'opportunité de fonder une section PTB à Namur. Puis, on s'intègre vite, notamment via les enfants qui vont à l'école ou dans un club de sport. J'ai même essayé d'apprendre le wallon. J'ai suivi des cours, mais je n'ai pas persévéré parce que les gens étaient là pour le perfectionner, pas pour l'apprendre. Mon seul regret peut-être, c'est de ne pas travailler à Namur. J'ai toujours travaillé pour le région flamande soit à Bruxelles, soit à Louvain."
Car quand Thierry Warmoes n'est pas à Namur, il travaille à Louvain comme fonctionnaire pour l'Agence flamande pour l'environnement.
"Je suis à la tête d'une équipe d'une dizaine de personnes pour le contrôle de la qualité des eaux des rivières et des étangs pour les provinces du Limbourg et du Brabant flamand. Je ne parle pas de mon engagement politique au travail, seulement à mon chef et à quelques collègues qui sont au courant et n'en font pas de problème. Puis comme c'est à Namur, les gens n'y prêtent pas forcément attention.
Je me suis jamais présenté à une élection pour le PTB en Flandre. Cela ne veut pas dire forcément que c'est plus facile d'être au PTB en Wallonie qu'en Flandre. Car on l'a vu avec le livre de Peter Mertens qu'il y a eu dans le Nord du pays un ouverture vers les thèmes du PTB. Ce qui change peut-être, c'est qu'en Wallonie, il y a beaucoup de liens entre le parti et la FGTB et que le mouvement ouvrier a été longtemps très important dans le Sud du pays."
"Le nationalisme de la NV-A, c'est l'idéologie des patrons flamands"
Même s'il vit à Namur, Thierry Warmoes reste attentif à ce qui se passe en Flandre, notamment par rapport à la montée de la N-VA, le parti de Bart De Wever.

"Le discours nationaliste, je le vis parfois avec certains collègues qui ne connaissent pas la Wallonie. Alors, je les invite chez moi à Namur. C'est vrai que la N-VA est au gouvernement flamand, et donc c'est un peu mon employeur. Leur politique est très anti-sociale, elle prévoit beaucoup d'économie pour réduire le nombre de fonctionnaires, et l'écologie, le domaine pour lequel je travaille n'est pas du tout une priorité.
Tout ce qui compte, c'est le soutien aux entreprises, en les couvrant d'aides financières alors que cela ne crée pas d'emploi. C'est le cas en Flandre, mais aussi en Wallonie. Selon moi, ce n'est pas parce qu'on est d'un côté ou de l'autre de la frontière linguistique que les problèmes sont différents."
Le candidat du PTB à Namur est très sévère par rapport au nationalisme flamand.
"Aujourd'hui, le nationalisme de Bart De Wever, c'est un nationalisme de riche, égoïste et seulement économique. Ce que défend la N-VA, c'est l'idéologie de la VOKA, celle des patrons flamands. Le risque, c'est de mettre les différentes régions du pays dans une concurrence exacerbée. Toutes les entreprises iront dans la région qui offre le plus d'avantage, c'est déjà le cas aujourd'hui.
Comment comprendre autrement qu'une entreprise comme Janssen Pharmaceutica vienne s'installer à La Louvière, si ce n'est parce que la Région wallonne amène des millions de subsides? Tout cela va mener au désavantage et à l'appauvrissement des travailleurs des deux côtés de la frontière linguistique. Le nationalisme de la N-VA, ce n'est plus le nationalisme d'autrefois qui a eu un vraie raison d'être en Flandre pour se battre pour l'égalité et l'autonomie du peuple flamand face à la bourgeoisie francophone."
Justement par rapport à son engagement politique pour le PTB, sa famille l'a mal vécu.
"Moi, je suis un Flamand issu de cette bourgeoisie francophone et conservatrice. Pour être franc, cela n'a pas été facile pour eux quand j'ai dit que je me présentais sur les listes du PTB. Je suis un peu le rebelle de la famille. Ils ne voient pas d'un très bon œil mon engagement en Wallonie. Mais on doit faire avec, et c'est un choix que je ne regrette pas."