
Derb Marrakech est l'un d'eux. Au premier coup d'oeil, il ressemble à n’importe quel quartier populaire du Grand Casablanca: les problèmes liés au chômage, à l'analphabétisme, au faible niveau de scolarisation, à la criminalité et à l’insalubrité de beaucoup de bâtiments ne sont pas rares.
Ces maux ont beau être nombreux, certains habitants gardent toujours foi en leur capacité de changement. En assurant une relative stabilité de vie, leurs efforts se répercutent à l’ensemble du quartier. Les Derb Marrakchis rêvent de voir un jour leur quartier devenir aussi florissant que la ville de Marrakech.
1. Toutes les maisons de Derb Marrakech sont construites selon la trame de l’architecte français Michel Ecochard. Le Protectorat français a fait appel à lui au lendemain de la seconde guerre mondiale afin de trouver une solution à l’afflux massif de nouvelles populations fuyant la campagne. Aujourd’hui, les habitations ont perdu leur cachet d’antan. Elles abritent toutes les générations d'une seule famille.

2. La revitalisation des habitations reste une priorité majeure pour les associations du quartier. Les frais de chantier sont principalement couverts par la société civile. Une participation financière marginale est demandée aux propriétaires des maisons restaurées. Malgré tout, certains habitants ont des réticences à débuter un tel processus.

3. La rue demeure un lieu de vie incontournable. Des bruits de jeux d’enfants, qui n’ont pas d’autres endroits pour s’épanouir, y résonnent du matin jusqu’au soir.

4. Les conditions de travail sont dures pour Abdelkader. Nombre de citoyens cherchent des petits boulots et les possibilités ne manquent pas. Certains choisissent de veiller sur les voitures la nuit, d’autres préfèrent tenir un kiosque, ou d’autres encore deviennent marchands ambulants.

5. Les autorités de Mohammedia organisent chaque année des réunions avec la société civile. Ces réunions s’inscrivent dans l’application du Schéma directeur d’aménagement urbain de la région du Grand Casablanca (SDAU), un programme qui ambitionne de préparer la région aux défis urbains de demain.

6. Les associations actives dans les quartiers populaires sont toujours à la recherche de partenariats. Ici, à Marrakech, Younes, le président de l’association Derbna, rencontre les représentants d’une association de ferronniers. Les partenariats sont indispensables en raison du peu de moyens.

7. Les habitants de Derb Marrakech désertent les magasins de leur quartier. Ils s’approvisionnent au marché permanent voisin, la joutia, qui pratique des prix plus compétitifs.

8. Hicham est considéré comme l’artiste du quartier. D’abord formé aux arts traditionnels marocains, il offre aujourd’hui ses talents aux commercçants et habitants de Derb Marrakech, bien souvent gratuitement.

9. Abdellatif est le coiffeur du quartier. Son père tenait déjà le salon qu’il occupe aujourd’hui. Il profite d’un ancien contrat de bail et travaillait encore sans eau courante ni électricité jusqu’il y a peu. Abdellatif arrive tout juste à subvenir à ses besoins.

10. Aziz prend place au même endroit, chaque soir, après le coucher du soleil. Il vend des cigarettes au détail en bord de rue. Comme seul repas, il boit le soir un yogourt et un café.

11. Fréquentées par de nombreux adolescents en décrochage scolaire, les salles de jeux sont à la fois proscrites par la loi marocaine et par la religion musulmane. Même si les jeux proposés ne sont pas des jeux d’argent, ils peuvent devenir sources de paris. Toutefois, les autorités ne sont pas dupes de l’existence de ces lieux. Elles ferment les yeux.

12. Une promenade nocturne dans les rues des quartiers populaires de Mohammedia peut révéler un symptôme d’une génération: le haschich.

13. La télévision est omniprésente, quelles que soient les habitations et les différences sociales. Les chaînes arabes rythment la vie quotidienne de tous les foyers, À l’extérieur dans les quartiers plus aisés, on préfère les chaînes françaises.

14. Sept heures du matin précises. Issam attend assis dans la rue les jeunes qui, comme lui, ont choisi un job de vacances dans la revitalisation de leur quartier. Un travail encadré par une association locale.

15. Les jeunes de Derb Marrakech trouvent une échappatoire dans le sport. Ils profitent d’installations aujourd’hui vétustes, construites à l’époque du Protectorat français. Ce terrain de sport rentre normalement dans le cadre du Schéma directeur d’aménagement urbain de la région du Grand Casablanca. Un budget devrait être alloué à sa modernisation. Reste à savoir qui va s’en occuper.

16. Des enfants tiennent un petit commerce en bord de rue. C’est une habitude pour les jeunes enfants d’imiter l’épicier du coin. Les périodes de fêtes, comme ici le Ramadan, sont propices à ces petits commerces.

17. Cette femme épaule son mari dans son activité professionnelle. Elle lave les pattes de boeuf passées dans le feu pour en ôter les poils. Elles seront vendues pour ensuite servir de repas. La majorité des femmes reste normalement à la maison.

18. A quatorze ans, Nabil a toujours habité Derb Marrakech. Tout comme lui, les jeunes ne sortent que rarement de leur quartier natal. Ici, à Marrakech, son regard curieux se pose sur tout ce qui l’entoure.

19. Mustapha habite Derb Marrakech, mais il tient une echoppe dans un quartier populaire voisin. On peut se demander comment il arrive à vendre ses vieux stocks d'audio. Et pourtant, il parvient à réaliser un bon chiffre d’affaires journalier. Avec une politique de micro-credits et des conseils en gestion, l’economie locale pourrait croître et se diversifier.

20. Aziz vit en marge de la société. Ses journées, il les passe dans la rue et dans des petits boulots lorsqu'il en trouve. Il n’a pas de papiers d’identité. S’en procurer n’est pas une dépense prioritaire, il lui faut d’abord survivre. Les zones de vie comme Derb Marrakech sont des quartiers touchés par l’exclusion sociale.
